dimanche 18 mars 2012

Halte au Front de Gauche

Le « Front de gauche » est véritablement emblématique de la décomposition de toute culture politique anticapitaliste, il s’agit d’un véritable parti tribunicien qui aspire les angoisses de la classe- moyenne / petite- bourgeoisie en déclassement par temps de crise, à laquelle il apporte des réponses réactionnaires pourtant éculées.
On troque une critique de la « valeur », et donc de la « marchandise » pour une critique de « l’argent » qui, en lui-même, ne signifie rien (l’argent n’est qu’une forme particulière de marchandise), on troque une critique de l’économie capitaliste, compris comme mode de production et rapport social, contre une critique des « excès » de la « finance » et des « élites », on remplace des notions économiques rigoureuses comme « bourgeoisie » et « prolétariat » par des notions idéologiques, creuses et démagogique comme « peuple » et « élite », on remplace la dialectique et la lutte des classes par un manichéisme vaguement complotiste (« oligarchies financières », « pouvoir de l’argent », les « très, très riches ») bref : on a là le « socialisme des imbéciles » qu’on retrouve de « Mein Kampf » jusque dans la bouche d’un Alain Soral et dans le programme économique du Front National … mais aussi au Front de gauche, dans les colonnes d’un torchecul républicain comme « Marianne », ou encore dans la bouche des « Indignés » français, simplement amputé de son versant xénophobe.

Il faut arrêter avec les abus de langage, ce type de discours n’est pas social- démocrate mais réactionnaire, et ne constitue pas un tremplin vers la radicalité mais une entreprise de crétinisation de grande ampleur de toute contestation réelle.
Le discours de Mélenchon n’est pas superficiel mais carrément décomposé, profondément médiocre et incohérent pour qui a deux sous de culture politique, tous les éléments du fascisme s’y trouvent larvés : patriotisme braillard faisant de l’Etat une fin (et non pas un moyen, comme la sociale- démocratie historique) ; éloge naïve d’un passé jugé « vertueux », c'est-à-dire le capitalisme industriel d’un bon temps révolu, entre Conseil National de la Résistance et Trente Glorieuses, avant que les excès de la « finance mondiale » ne viennent précipiter la « belle » France dans la décadence ; abandon de la lutte de classe et de la dialectique au profit d’une critique complotiste des « élites » (c'est-à-dire la critique d’un groupe d’individus et non d’un rapport social) … tout ce mauvais populisme réactionnaire explique le nombre important d’antisémites et de conspirationnistes dans sa base militante … et le fait que le nouveau GUD d’Assass (association d‘extrême- droite) recommande dans son journal (Le rat qui rit N°1) la lecture du livre « Qu’ils s’en aillent tous » de Mélenchon, aux côtés des œuvres de Soral et de Zemmour.

Ce qui gène profondément toute cette petite- bourgeoisie, qui se découvre une « indignation », n’a jamais été l’existence d’un prolétariat, mais le risque désormais imminent de son propre basculement dans celui- ci à la faveur de la crise.
Et l’on sait historiquement quelle diarrhée fasciste la classe- moyenne / petite- bourgeoisie est capable de chier quand elle se crispe.
Ainsi certains de nos camarades caressent le vote Mélenchon en arguant que « ce que Mélenchon dit, c’est mieux que rien ».
Comme le disait ce slogan du Parti de Gauche : « Mieux que rien, c’est pire que tout ».

S'ils doivent "tous s'en aller", que Mélenchon commence par donner l'exemple, ferme sa gueule et se casse.
"Celui qui donne sa voix reste muet" dit le proverbe, il n'y a rien à attendre des partis, des politiciens, et du vote, notre émancipation sera notre oeuvre collective ou ne sera pas.
Les seuls outils sont le tissage permanents de liens de solidarité et de luttes, l'auto-organisation du prolétariat dans les syndicats, les collectifs de quartiers, les coordinations, la grève générale, l'expropriation et la communisation.
Et que crèvent les démagogues !